L’amour autour d’un coma
Mathieu ne pensait pas à grand chose. Il était seul, de toute manière, qui voulait de lui ? Il n’avait ni femme, ni enfant, bien qu’il en ait toujours rêvé ! Autant mourir se disait-il ! À vingt-quatre ans, espérer encore, pour lui, ne servait à rien. Il réfléchissait à l’appel
qu’il avait reçu une heure plus tôt. Donner son cœur à un inconnu, pourquoi pas ? Il n’était bon à rien, n’avait ni travail, ni argent, et dans un mois il serait expulsé de l’appartement où il résidait.
À la clinique, Nina prenait son petit déjeuner à la cafétéria. Son patron lui avait donné un congé pendant l’hospitalisation de François, son mari. Dans son cabinet, les architectes n’avaient pas beaucoup de travail. La pièce était froide et blanche. Un groupe de femmes
étaient attablées non loin d’elle. Elles étaient en train de raconter l’opération d’un de leurs proches.
Nina savait que dans quelque temps, elle devrait refaire face à son mari. Un inconnu donnerait son cœur, et son amour pour elle resurgirait. Elle ne l’aimait pas, elle le méprisait même. Mais toutes ses pensées, elle les gardait pour elle. François n’en savait rien et n’en saurait jamais rien. Le soir de son accident, alors qu’il allait partir pour un convoi de poids lourds, comme tous les week-ends, elle avait bien essayé de lui dire,
mais il ne voulait pas comprendre. Il lui avait donné un baiser sur le front et l’avait quittée pour partir sous la pluie. C’est la dernière
fois qu’elle le verrait bouger.
De son côté, Mathieu était prêt à se rendre à la clinique. Il prit sa voiture et y alla. Il entra alors dans l’hôpital et demanda la chambre de Monsieur Lolèque. Deuxième étage, couloir 3, chambre 102.
Quand il pénétra dans la pièce, Nina était au chevet de son mari, habillée d’une robe rouge, talons noirs, rappelant la couleur de ses cheveux. Mathieu fut stupéfait. Il était pris dans la contemplation de ses yeux et de sa bouche. Elle était splendide, avec sa mèche
qui lui retombait sur les yeux. Le docteur entra à son tour en regardant ses résultats.
Nina se leva...