Prêteurs de mots
Ce jour-là, j’étais en cours à côté d’Antonio, mon meilleur ami. Pendant que le professeur nous expliquait les causes de la Seconde guerre mondiale, je pensais à la discussion que j’avais eue la veille avec mon Principal.
Il voulait me parler d’un projet qu’il avait, mais n’ayant pas le temps de terminer ses explications, il me rappellerait. A cette heure-là, nous étions en cours d’Histoire avec ma professeur, madame Bompart. Quand la sonnerie retentit, nous allâmes en récréation où nous nous installâmes sur notre banc habituel.
Nous commençâmes à parler de tout et de n’importe quoi, quand le sujet du contrôle de maths entra dans la discussion. Je commençai à taquiner Antonio
en lui disant qu’il aurait une mauvaise note à ce devoir. Il s’énerva aussitôt et se jeta sur moi, avant de me donner un coup de poing sur l’oreille, puis dans le ventre. Mais, je retournai vite la situation en me mettant sur lui et lui donnai une dizaine de coups, jusqu’à ce qu’un bon ami à nous, Jérémy, vienne nous séparer. À leur tour les CPE intervinrent et nous prirent par le bras, pour nous emmener dans le bureau de Monsieur Hochart, Principal.
A cet instant, je commençai à avoir peur des conséquences et je m’en voulais déjà d’avoir embêté Antonio. Nous arrivâmes devant le bureau, mon cœur battait la chamade. J’avais peur. Très peur ! Alors, un miracle se produisit : il était absent, en réunion.
On nous demanda donc de retourner en cours, la récréation étant terminée. Nous avions Français, avec Mme Negrouche, connue pour sa sévérité. Durant toute l’heure, j’angoissais : comment allais-je dire à mes parents que je m’étais battu avec Antonio, mon meilleur ami ? Quelle serait ma sanction ? Soudain, on frappa à la porte, les surveillants sûrement. Bingo, avant de repartir avec le billet d’absence, Kader nous interpella devant toute la classe : « Quentin et Antonio pouvez-vous me suivre ? ». Pas le choix, il fallait obéir. Un silence de mort pesait dans les couloirs du deuxième étage, puis du premier étage et enfin du rez de chaussé. Le stress montait en moi, j’étais complètement paniqué. Comment allait finir cette histoire ?
J’espérais que cette fois encore Monsieur Hochart serait absent... hélas, il était bel et bien là ! Il nous attendait. On nous demanda de nous arrêter et d’attendre près de l’aquarium. Je regardai Antonio. Son visage était chargé de haine, mais il préféra garder le silence.
Après des minutes d’attente qui nous parurent une éternité, nous entrâmes dans le bureau du Principal, qui nous ordonna de nous asseoir...
