Pazzo Alparadiso
J’ouvre les yeux. Où suis-je ? Comment ai-je atterri ici ? Je n’en sais rien. Suis-je mort ? C’est possible. Pour tout avouer, c’est la solution qui conviendrait le mieux à la situation. Mais je ne pourrais en être certain, étant donné que je ne me souviens de rien, hormis mon nom. Je serais donc mort ? Moi, Pazzo Alparadiso ? Mais quand, et comment ? Peu m’importe de toute façon.
Après m’être habitué à la lumière, je regarde attentivement autour de moi. Je ne saurais dire si c’est mon imagination qui me joue des tours ou si une épaisse brume m’entoure et me couvre les yeux, mais la seule chose qui se trouve aux alentours, le seul paysage aussi étrange soit-il que j’aperçois, n’est autre qu’une infinité de blanc. De la neige peut être, mais je n’ai pas froid, ce qui exclut donc cette hypothèse.
Je ne vois que cela, du blanc. Aucun arbre, aucune maison, aucune route et même aucun ciel. Rien que moi. Je devrais peut-être me sentir seul, angoissé ou triste, mais au contraire, je me sens plutôt bien. Je dirais même parfaitement bien. Je suis comme sur un petit nuage, libéré de toute tension, de tous les malheurs que la vie nous inflige. Ce calme, cette tranquillité ... tout cela est si agréable !
C’est un vrai désert de pureté. Le meilleur endroit au monde qui puisse exister. Il y a cette vive lumière qui m’éclaire, elle ajoute une touche de bien-être en plus à cet endroit. Je me demande bien d’où elle vient, même si cela n’a pas d’importance.
Je suis entièrement vêtu de blanc, ce qui ne change pas vraiment du reste à vrai dire. Je me fais un peu penser à un moine habillé de la sorte. Un moine, c’est peut-être ce que je suis devenu. Je serais donc dans un monastère alors ? Non, ce n’est pas possible, même un endroit aussi pur qu’un monastère n’arriverait pas à égaler celle de ce lieu.
En cherchant bien, un vague souvenir me revient. Le souvenir d’une terrible souffrance, d’une mort, m’apparaît en tête. Je ne pourrais dire quand c’est arrivé, mais je pense que cela a un rapport avec ma présence ici. Ce souvenir m’intrigue. Même avec une tristesse pareille, il n’arrive pas à me rendre malheureux. Comme si mon cerveau avait reçu l’information, mais il ne l’avait pas assimilée, ce qui n’est pas pour me déplaire. Après tout, cela n’a plus vraiment d’importance, puisque c’est du passé. Mais je n’arrive pas à arrêter d’y penser.
Le souvenir se précise. Je me rappelle maintenant de la nuit, de la pluie et du vent. Je me souviens d’une voiture, d’une femme, d’un accident. J’ai de plus en plus mal, au cœur et dans la tête. Ces atroces moments se répètent encore et encore. Je voudrais tellement que cela cesse, quitte à mourir s’il le faut ! Mais suis-je bête, je suis déjà mort ! Peut-être que je vais en enfer. Je ressens un si grand nombre de douleurs, autant physiques que morales, comme si je revenais à la vie. Je ne me contrôle plus, j’ai l’impression de tomber dans le néant.